+ we will rock you (manech)

Etre fleuriste n’est pas aussi simple et idyllique que ce que les gens s’imaginent. On se coupe, les clients ne savent pas ce qu’ils veulent, ou savent trop ce qu’ils veulent justement. Mais ce n’est pas pour autant que Bretzel n’aime pas ce qu’elle fait, bien au contraire. Elle aime les fleurs, faire des assortiments et des bouquets. Elle n’est encore qu’une apprentie, mais elle apprend vite. Cela ne fait que quelques mois qu’elle travaille chez Wild Poppy. Elle a commencé à travailler dans cette boutique peu de temps après avoir arrêté ses études. Elle était en deuxième année de littérature, mais cela ne la bottait pas du tout, alors elle a arrêté. Ses parents ne se sont pas opposés à son choix. De toute façon, eux aussi ne sont pas fan de livres, leur truc c’est plus les extra-terrestres et aller sur les plages nudistes en été. Et après on trouve Bretzel bizarre ? Pas étonnant ! Alors qu’elle finissait sa journée, un client de dernière minute arriva. Elle avait envie de lui dire de partir parce qu’elle avait des choses à faire, mais elle est tout de même polie et elle ne va pas s’assoir sur de l’argent, déjà qu’elle n’en a pas énormément. Et puis ce ne sont pas ses parents qui vont l’aider. Ils restent enfermés chez eux quasiment tout le temps. Ils gagnent un peu d’argent uniquement en vendant quelques fruits et légumes bio qu’ils produisent dans leur jardin. Bref. Ce dernier client plutôt bavard, lui fit fermer la boutique plus tard que prévu. A un moment, elle se demanda même s’il ne voulait pas plutôt faire du commérage sur les gens de la région avec elle, plutôt que de commander des fleurs. Surtout qu’au final il est parti est avec bouquet de roses rouges, autant dire le truc le plus original du monde qui demandait bien une demi-heure de conseils avisés. Elle respira un bon coup l’air plus ou moins frais de l’extérieur. Enfin, elle pouvait faire ce qu’elle avait envie. Elle regarda sa montre et fut horrifié de remarquer qu’il était déjà si tard. Enfin tard tout est relatif, tard pour fermer la boutique en tout cas. Elle enfourcha son vélo. Economisant depuis quelques temps pour avoir une voiture, elle n’a pas pu encore se la payer, malgré le fait que sa patronne la paye assez bien. Elle pédala à toute vitesse et priait pour que l’endroit où elle se rendait ne soit pas encore fermé. Ouf. Une fois devant elle vit qu’il y avait encore de a lumière à l’intérieur. La demoiselle posa son vélo et ouvrit la porte. Elle était chez un tatoueur. Jamais elle n’y avait été jusqu’à maintenant, mais elle avait bien réfléchit, elle voulait un tatouage. Un triangle au niveau de la cheville. Cela peut paraitre stupide mais pour elle, cela représente beaucoup de choses. Elle n’avait pas envie de quelque de trop voyant ou trop banal. Même si un triangle est une forme banale, rares sont ceux qui en ont un en tatouage. Elle s’avança jusqu’à la personne qui gérait la boutique « bonjour. » dit-elle simplement.

Cigarette en bouche, crayon de papier glissé sur l’oreille, et mains pleines de traces de feutre, Manech déchirait, recommençait encore et encore ses croquis. Le garçon avait toujours préféré s’entrainer sur du papier avant de faire un tatouage. Il aimait bien innover, et il avait l’intention de s’en faire un nouveau très bientôt. Mais comme pour tout, il n’aimait pas échouer, m^^eme pour des choses aussi futiles .Penché sur son large plan de travail, il laissait sa cigarette se consumer, tandis qu’il fronçait les sourcils en essayant de trouver la teinte idéale pour les ombres des entrelacs qu’il avait tracé. Manech avait fait des premiers essais, et soudain, il s’était rendu compte, qu’il s’était retrouvé à dessiner des traits familiers. Ceux de sa très chère ex petite-amie. Du brouillon bien sur il n’allait pas l’intention de se faire tatouer un visage sur le corps, il n’y avait pas pire dans la section mauvais gout. Mais il grifonnait pensif, le pire, c’est qu’il n’arrivait pas à trouver d’autre traits de visage adéquates à ses reflexions. Pourquoi faisait-il un tel blocage sur la question ? Il avait commencé une nouvelle vie à Woodley Mills, et même si la culture Américaine le laissait encore un peu perplexe par son manque d’hospitalité et de principes, il s’y plaisait. De plus, il remettait en place le puzzle infernal qu’était sa vie, il ne pouvait pas s’en plaindre. C’était un mal pour un bien. Il y avait sa fille, sa famille, il avait sa boutique et il était heureux c’était tout ce qui comptait pour le moment. Cette saloperie de Kitty l’avait laissé tomber, et il n’avait pas la moindre envie de la revoir, même si son cœur en était toujours atrocement meurtrit. Il se demandait comment elle faisait pour se lever tous les matins, en se regardant dans le miroir, et en sachant pertinement que sa fille vit sans elle quelque part d’inconnu.

Il n’aurait jamais pu faire ça, et il fallait avoir le plus noir des cœurs pour oser commettre un acte pareil. Ce n’était pas que ce cher Manech était dans ses mauvais jours, ni de mauvaise humeur, mais plutôt que son inspiration le fuyait et que ca lui tapait sérieusement sur le système. Il espérait seulement que sa mauvaise humeur et sa mélancolie disparaisse rapidement parce qu’il n’avait pas non plus envie de ruminer en compagnie de ses vieux démons toute la soirée. De toute façon, il allait être l’heure de fermer boutique, alors Manech rassembla ses feuilles et les placa dans une pochette. Quand soudai, il entendit un claquement de porte et le tintement de la sonnette. Ho non, il détestait les clients de dernière minute, mais soit c’était son gagne pain il n’allait pas se mettre à rechigner cent-sept ans. Passant sa main dans ses cheveux, le jeune Ladislav remonta les manches de son polo pour venir dans la boutique principale. Une jeune fille blonde, sûrement un premier tatouage à cet âge là, quoiqu’il avait vu pire en y réfléchissant plus sérieusement. « Bonjour ! Vous arrivez juste à temps encore dix minutes et j’aurais fermé, demoiselle. » Manech se mit à sourire d’un air décontracté, attendant cependant que la jeune fille aux cheveux blonds se dérident un peu. Croisant les bras, il se mit à sourire de nouveau, « Alors, qu’est-ce qui vous ammène ? Cheville ? Cou ? Bras ? Il me faudra juste votre carte d’identité, même si je pense que vous êtes majeure c’est juste pour la sécurité. », dit-il un nouveau sourire franc sur les lèvres. Encore du boulot, sa journée était loin d’être finie.