⊹ it is like a flight of fancy with rebellion.

Dans ta chambre tout est calme. De l’autre côté du couloir, tu peux entendre la voix de ton demi-frère retentir, il en pleine conversation téléphonique. Tu esquisses un sourire à l’idée de savoir que c’est ta meilleure amie qui finalement à pris les devants pour l’appeler ! Pour autant, tu te replonges dans l’art de ta lecture en tournant une énième page de plus. A force de temps, ce bouquin est aussi usé que les allumettes de ton grand-père paternel et les pages cornées prouvent le nombre de fois où il est passé entre tes mains. La porte d’entrée claque en un bruit sourd, la voix coutumière de ton père retentit au rez-de-chaussée. Pensant qu’il devait rentrer tard en ce vendredi soir, tu es quelque peu intrigué par son retour prématuré. Le père d’Isaac était en déplacement pour une conférence dans une faculté prestigieuse de Philadelphie, son retour a le don de froisser ta curiosité tenue. Descendant finalement les marches de l’escalier, tu prends conscience que ton père n’est seul mais accompagné d’un jeune adolescent avoisinant certainement ton âge. Son visage ne dépeint aucunes expressions lisibles mais ses yeux en expriment davantage. Tu le toises quelques instants avant de paraitre impolie puis tu reportes ton intention sur ton paternel qui sourit d’un air accueillant avant de vous présenter l’un à l’autre. Tu apprends alors qu’il est l’une des jeunes personnes qu’il défend et que désormais il vivra quelques temps avec vous. Visiblement, le jeune brun a eu quelques démêles avec la justice mais ce n’est pas cela qui t’inquiète, c’est le regard profond et silencieux qu’il te renvoi. D’une manière peu commune, il avait exactement le même reflet que toi quelques années auparavant ou toi aussi tu vivais dans une bulle. Une bulle où les cris de ta mère résonnent encore. « Je compte sur toi et Isaac pour faire en sorte qu’Elijah trouve ses marques ? Je dois retourner au palais de justice pour quelques détails. ». Le visage de ton paternel est toujours objectif surtout lorsque cela te concerne. Sa voix te tire de tes pensées, tu secoues la tête en souriant pour lui répondre. Quelques instants plus tard, il avait quitté la maisonnée, le fameux Elijah toujours figé sur palier son unique sac à dos pour bagage. Le silence qui s’installe entre vous ne te met guère mal à l’aise, tu as l’habitude mais surtout tu comprends dans quel état d’esprit il peut se trouver. « Ton père n’était pas là à l’instant ? ». Demande Isaac tout en observant votre nouvel invité d’une œillade suspecte et réprobatrice à la fois. « Il était là, oui mais il est reparti. En attendant Elijah va vivre avec nous alors si tu pouvais lui montrer la chambre à l’étage ça serait sympa, hein ? ». Ton intonation minutieusement touchante sait parfaitement touché celui que tu considères comme ton frère même si le sang ne vous rapproche pas autant. Il  te couvre d’un rire sans grande conviction avant d’y mettre du sien et de tendre une poignée de main à Elijah qui ne semble guère enchanté de la lui serrer. (…) Attablé devant le comptoir, tu t’actives à la préparation du repas du soir. Seulement la cuisine et toi, cela a toujours des résultats catastrophiques mais dans les plats français tu as toujours su te débrouiller de manière loyale. Pétrissant la pâte à tarte avec tes mains, tu entends alors des pas descendre l’étage et c’est finalement Elijah qui vient se joindre à toi. Vous échangez un maigre sourire réciproque et tu remarques que sa tignasse en bataille est mouillée. Finalement, il a bien su prendre ses marques dans la maison. Le jeune homme se dirige vers le réfrigérateur, saisit une bouteille de soda avant de venir s’assoir en face de toi. « Tu ne me demandes pas pourquoi je suis là ou que ’est-ce que j’ai fait pour en arriver là ? ». Son timbre de voix était aussi blanc et tranchant que la lame d’un couteau. Il était synonyme d’une souffrance qu’il essayait d’intérioriser. Tu soupires, avant de planter ton regard dans le sien d’une façon ferme et tenace. « Tu sais je ne sais pas ce que tu cherches, mais en ce qui me concerne je ne suis pas là pour savoir ce qui t’a amenée ici. J’ai connu des hauts et des bas aussi et je ne crois pas non plus que le passé fait une personne. On peut changer sans exception. ». Déclares-tu avec une limpidité sérieuse et véhémente. Il soutient tes prunelles durant un laps de temps avant de finalement secouer la tête, laissant un sourire – le premier depuis son arrivée – se dessiner sur ses  traits. « Tu es différente … ». Dit-il d’un ton abrupt. « Je prendrais ça pour un compliment alors. ». Réponds-tu en rigolant, un son qui semble entrainer également celui de ton voisin. « J’ai loupé quelque chose ? ». Une interrogation de la part du jeune blond qui semblait avoir mis un terme au rire d’Elijah. D’ailleurs tu sentais qu’entre ses deux-là, l’entente ne serait pas facile. Une lourdeur à la fois pesante et froide s’installe au sein de la cuisine, et c’est finalement le brun qui prend la tangente en montant à l’étage. « Franchement Isaac, tu pourrais faire un effort ! ». Tonnes-tu discrètement en lui faisant passer le message du mec pas sympathique du tout. Il avait beau être ton demi-frère, l’une des personnes en qui tu avais le plus confiance parfois ses airs nonchalants avait le don de te mettre hors de toi. « Il n’est là que depuis deux heures et … ». Il te coupa l’herbe sous le pied. « … Il te regarde comme une friandise ! ». Tu le toises avec rire moqueur sur le bout des lèvres avant de rire. Un rire qu’Isaac était loin de prendre au sérieux, mais il devait se l’avouer il se devait de faire des efforts. 

Passant une main dans tes cheveux, tu soupires d’impatience avant de raccrocher en jurant tout bas. Les bougonnements étaient tes meilleurs compagnons ces derniers temps, c’était comme un rituel entre eux et toi. Ta voiture venait de te planter en pleine rase campagne, tu revenais d’un long trajet en Philadelphie et voilà que ton véhicule te fait des caprices. Inutile d’appeler le garagiste ou bien ton assurance, l’un comme l’autre se montrait extrêmement désagréable. Quant à la dépanneuse, elle ne serait pas là avant deux heures. Dès lors, le seul moyen était d’appeler Dorian afin qu’il vienne te chercher. Ce dernier était avant tout ton voisin et ton meilleur ami et en dépit de l’écart d’âge qui vous séparait, il y avait entre vous une très bonne alchimie amicale. Un brin trop protecteur peut être mais à qui tu faisais volontiers confiance les yeux fermés. Alors que l’appel est en cours, tu entends la voix de sa sœur cadette retentir à l’autre bout du fil. « Dorian n’est pas là pour le moment, mais je pense que mon cousin pourra te rendre ce service, il est sur la route lui attends une minute ! ». D’ordinaire Ridley n’était pas si entreprenante mais apparemment dans ce genre de situation elle savait prendre les devants. Cellulaire collé à l’oreille, tu fermes les yeux un instant comme bercé par le bruit des grillons de la campagne. Après quelques minutes, la rouquine t’annonce finalement que son cousin est bien sur la route et que d’ici moins d’un quart d’heure il sera là. Tu mis fin à l’appel en soupirant une énième fois. La fatigue, les tensions à la maison, la situation dans laquelle tu étais désormais, rien n’allait en ce moment. C’était le karma à coup sûr ! Bien que très honnêtement tu ne croyais aucunement à ce genre de superstitions ou croyances ridicules. Rassemblant tes affaires, tu sors de la voiture avant d’en claquer la portière côté conducteur. Le temps au moins est clément et agréable, tu n’as finalement pas tout perdu. Une pensée qui te fait sourire solitairement mais plus pour très longtemps car la voix communicative de Mick te sortit de tes songes. « A ce que je vois, la situation ne t’a pas volé ton sourire. ». Dit-il sur un ton plaisantin qui lui donnait un air décontracté et quelque peu vulnérable. Tu secoues la tête d’un mouvement amusé à ton tour, avant de venir à sa rencontre et de faire le tour de sa voiture pour monter à son bord. La fenêtre côté conducteur était ouverte pourtant son regard te suivit jusqu’à ce que tu sois assis à l’intérieur. « Tu es arrivé au bon moment car il y a quelques minutes en arrière j’étais plutôt ronchonne et boudeuse. ». Il te considère d’une expression silencieuse et souriante avant de reprendre sa conduite en direction du centre-ville. « Oh mais je suis certain que tu es aussi agréable lorsque tu boudes. ». Son assertion était presque certaine, mais tu ne voyais pas réellement où il désirait en venir. Mick était le propriétaire de la boulangerie dans laquelle tous tes péchés mignons sans exceptions étaient exposés et tu ne privais jamais pour y faire un détour en rentrant du boulot pour en savourer la qualité. Le monde étant petit, tu avais appris au cours d’une soirée organisée par la ville qu’il était également le cousin de ton meilleur ami. De quoi dire que le monde était bien petit. Tu avais tellement confié de dires à Dorian à son sujet que depuis tu te sentais un peu mal à l’aise. D’ailleurs le dernier mot que vous aviez échangées été : bonne soirée accompagné d’un regard complétement perdu au sein d’une marre noire de monde. Préférant rendre le dialogue plus léger, tu tentes d’entrer vers une conversation plus légère et commune. « En tout cas merci, je me voyais mal attendre la dépanneuse … ». Répliques-tu tout en le toisant légèrement d’une œillade discrète. Le brun te rend un sourit sincère comme pour répondre à tes propos. Tu remarques alors qu’il semble ailleurs comme embarqué dans un tourbillon de pensées emplit de soucis. L’ambiance s’installe alors dans un registre plus lourd et tendu. « Au fait ton éclair au chocolat est un vrai délice ! ». Ton exclamation dépasse ta réflexion et franchit tes lèvres avant que tu puisses ajouter un mot de plus. Une réaction spontanée signée tout simplement Gises. Tu te mords la lèvre inférieure en regardant droit devant toi alors que le rire de Mick retentit dans l’habitacle de la voiture.  Ton rire se mêle naturellement au sien. « Merci pour le compliment ! Cela fait plaisir d’entendre ça après tout ce que je viens d’entendre … ». A l’intonation de sa voix, tu ressens une certaine amertume et de la déception. Tu ne voulais pas paraitre indiscrète alors instinctivement ta main se pose sur la sienne mais tu la retires aussi vite. Ton regard se porte alors par la fenêtre où les rues commerçantes grouillent de monde. La route a été bien rapide, bon au moins la poudre d’escampette n’est pas bien loin. Mick ne tarde pas à se garer devant  la boulangerie, tu l’imites en esquissant un maigre sourire presque gêné. « Tu sais on devrait peut être mettre les … ». Le jeune propriétaire n’eut pas le temps de continuer sa phrase, Dorian sort de la boutique l’expression quelque peu sur la réserve. « Tiens te voilà toi ! ». Déclare-t-il à ton adresse tout en reportant un regard lourd de sens à son cousin. Tu lèves les yeux au ciel avant de les poser sur les deux Crowel. « On peut savoir à quoi vous jouez ? ». « Ah oui on jouerait à quoi exactement ? ». Cancane Mick d’un rire moqueur en te toisant d’une façon bien complice. Tu ne peux t’empêcher de sourire à ton tour ce qui semble rendre dingue le pauvre Dorian.