(sg.) ★ point n’avez occis le dragon ?!

courte citation ici.
◯ SHAUNA GREEN ◯
credits © jennalouisedaily/tumblr.

PRENOM(S) NOM Shauna, un prénom d'origines anglophones qui, selon les sites qui croient s'y connaître en personnalités, décrirait une jeune femme hyperactive, hyperémotive et imaginative. Green, est son nom de famille ; si commun qu'il se mêle dans la foule du commun des mortels, il y a sans doute dans ce pays des dizaines de personnes qui portent le même patronyme qu'elle. AGE vingt-cinq ans depuis peu, Shauna s'engage peu à peu sur la pente fâcheuse qui l'amènerait à devenir une vieille fille, elle en a tristement conscience. DATE ET LIEU DE NAISSANCE née le 2 avril d'il y a vingt-cinq ans, dans cette même ville où elle revient, qui lui a toujours plu mais lui a paru trop petite : Woodley Mills, sans doute que tout le monde ne connaît pas ce nom là. NATIONALITÉ Shauna est américaine, mais coule dans ses veines du sang anglais, hérité de son père. STATUT CIVIL le célibat est l'éternel allié de Shauna, "Shauna et célibat" ça rime de toute manière, et son propre malheur a tendance à l'inspirer. ÉTUDES/MÉTIER(s) pendant ses études de littérature classique, lettres modernes, Shauna s'est lancée dans l'écriture d'une biographie, satyre de sa propre existence à travers les yeux d'un personnage déluré et décalé : c'est ainsi qu'elle est une miraculeuse auteur de roman, dont Wallflower est le premier succès ; prometteuse d'un grand avenir à la JK Rowling. TRAITS DE CARACTÈRE hyperémotive, hyperactive, déterminée, volontaire, tenace, ambitieuse, râleuse, philosophe, altruiste (elle se le croit, en tout cas), impulsive, bagarreuse, vulgaire (quand il le faut), passionnée, gourmande, délurée, maladroite, dépensière, susceptible, (im)mature, exigeante, critique, rancunière, peu expansive, réfléchie, ingénieuse, maline, fantasque, imaginative, extravertie, sociable, intuitive. AVATAR Jenna-Louise Coleman. GROUPE Gold Workers.

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ES-TU PROCHE AVEC TES VOISINS?
Shauna, c'est l'exemple typique de la petite voisine qui galère avec ses sacs de course, et qu'on aide gentiment au détour d'une cage d'escalier : sensible, souriante et à l'écoute de tous, elle est la jeune femme qu'on sent avoir la main sur le cœur, mais qui est trop discrète au goût de beaucoup. Quand elle a besoin de sucre en poudre, elle préfère écraser des morceaux de sucre à la force de ses petits poings - quitte à y passer des heures - plutôt que d'aller embêter le voisin, et quand une catastrophe se produit à cause d'elle, elle ne peut s'empêcher d'avoir honte. Son budget "bouquet de fleurs pour remerciement" a parfois excellé des plafonds indécents : elle offrait des fleurs à ceux qui dégageaient la neige le matin, elle offrait des fleurs au voisin qui lui portait ses courses, elle offrait des fleurs à celui qui avait la gentillesse de l'aider avec sa serrure bloquée, pour s'excuser d'avoir fait une soirée trop bruyante, et ainsi de suite. Alors on peut dire que Shauna a toujours eu de bons rapports avec ses voisins, quand bien même elle ne parvenait pas à les percevoir comme des amis, puisqu'elle restait, mine de rien, très fermée dans ses propres songes. Douce et accueillante, Shauna aurait pu ressembler, dans un quartier résidentiel, à la gentille demoiselle qui offre des cupcakes à ses voisins pour leur souhaiter la bienvenue dans le coin, mais il est évident qu'elle n'est pas assez bonne en cuisine pour faire des cupcakes sans condamner à mort son entourage - par politesse, quelle ironie.

▷ TU AS CINQ MINUTES POUR CRACHER SUR LA PERSONNE QUE TU DÉTESTES LE PLUS, GO.
Si elle était bien partie, à un moment, pour devenir une parfaite commère - de profession, puisque parfois, elle aurait aimé travailler dans la rédaction d'un magasine, ou quelque chose dans ces eaux-là ; aujourd'hui, le "nouvel emploi" de Shauna, ainsi que la célébrité qui l'accompagne, la force trop souvent à devoir tourner sept fois sa langue dans sa bouche. Ainsi, elle doit souvent réfléchir beaucoup à ce qu'elle dit, rien que pour contourner les questions dangereuses de la presse, de son entourage ou de ses fans. Généralement, s'il y avait quelqu'un qu'elle devait détester autour d'elle, elle mettrait son personnage dans son prochain livre, changeant son identité et grossissant les traits les plus déplaisants de sa personnalité : à y regarder de plus près, Shauna n'a aucun mal à rendre les gens qu'elle n'aime pas plus diaboliques qu'ils ne le sont en vérité - elle leur devine de mauvaises pensées, des intentions peu recommandables et parfois, ça frise le ridicule - ou la paranoïa. Il apparaîtrait presque, donc, à certaines personnes que Shauna a appris (presque malgré elle) à cultiver une certaine dose d'hypocrisie, si bien que si quelqu'un lui donner cinq minutes pour cracher sur la personne qu'elle détestait le plus, elle se montrerait on ne peut plus neutre ; de toute manière, il est rare que Shauna voit le mal en une personne, ce sont généralement les autres qu'ils ne l'apprécient pas à cause de sa personnalité trop exubérante. Elle, on lui a déjà reproché d'aimer trop de gens autour d'elle.

▷ EN SOMME, QUE PENSES-TU DE WOODLEY MILLS?  
Woodley Mills, cette charmante petite bourgade dans laquelle Shauna a grandi, comme n'importe quelle petite fille, entourée d'un papa qui faisait des barbecues, d'une maman qui essayait de se montrer autoritaire, d'un frère, d'une sœur, encore d'un frère, puis d'encore deux sœurs : elle avait été presque triste de quitter son foyer, sa petite maison chérie ainsi que sa famille très fusionnelle, lorsqu'elle avait décidé d'aller faire ses études à des centaines de kilomètres de là. Aujourd'hui, cependant, elle ne regrette rien, et n'a bien entendu, pas perdu le contact avec les siens : ses parents sont très fiers de ce qu'elle est devenue, apparemment, toute sa famille a lu son livre (ce qui lui vaudra un bon remontage de bretelles, s'ils se reconnaissent au milieu des clichés qu'elle a parfois alignés), et elle a partagé - de loin - les avancées de vie de ses frères et sœurs. Reste cependant que, si ses ambitions se sont envolées loin, celles des autres de sa fratrie ont flâné, plané de manière modeste, tant et si bien qu'aujourd'hui, il semblerait presque que mettre Shauna et les siens dans une même pièce, reviendrait à rassembler deux opposés. Elle s'en rend compte, et elle appréhende cela plus que tout, tandis qu'elle revient au bercail pour fêter la naissance de son premier neveu, ainsi que son baptême puis, quelques temps plus tard, le mariage d'une de ses sœurs (il s'en passe des choses, chez les Green !). A l'image de sa famille, qui se complait dans sa petite simplicité, Woodley Mills est paru à Shauna comme étant un petit bled coincé lorsqu'elle y est revenue, une ambiance calme mais étouffante. Aujourd'hui, secrètement, derrière ses sourires et la joie qu'elle a de revoir les siens, Shauna ne rêve que d'une chose, fuir à nouveau ce qui a été son passé, ce qui ne sera sûrement jamais son avenir : elle espère en tout cas, que la peur qu'elle peut avoir d'une vie bien rangée à l'image de celles que mènent les autres membres de sa famille, ne se dépeindra pas sur son visage, ne percera pas comme un lourd secret explosant dans l'air.

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THE CURRICULUM VITAE.

Shauna a déjà commencé plein de livres dans sa vie, elle lisait beaucoup à une époque, mais elle n'a jamais terminé la moindre de ses lectures : parce qu'elle n'aime pas les fins, selon ce qu'elle dit ☆ très sensible, Shauna est une consommatrice excessive de films à l'eau de rose et de comédies romantiques, c'est un très bon spectateur pour ce genre de spectacles niais et d'un prévisible affligeant - reste qu'elle pleure quand même à la fin, quand les deux protagonistes s'embrassent enfin pour des raisons x ou y ☆ son film préféré reste The Descendants, et non pas parce que l'on y voit George Clooney en bermuda et tongs, mais parce que le film, curieusement, a réussi à la toucher là où nul autre ne l'avait fait ☆ Shauna est une fille qui se fait aisément distraite, quand elle écrivait son livre, elle passait parfois la plupart de son temps à "penser à ce qu'elle allait écrire" tout en jouant à Tetris sur sa tablette, ou en gribouillant des trucs sur un bout de papier ; c'est presque un miracle de savoir qu'elle a écrit près de trois cents pages de livre ☆ dans une autre vie, Shauna avait dû être une diva à la voix puissante, puisqu'elle chantonne à chaque fois qu'elle a une chanson dans la tête, ou lorsqu'elle fait le ménage, quand elle est sous la douche, quand elle est stressée, quand elle s'ennuie, quand elle conduit - bref, quand elle fait beaucoup de choses et traverse beaucoup de moments de sa vie très marquants ☆ quand bien même elle n'ait pas encore réussi à envisager la possibilité d'en avoir à elle un jour, Shauna adore les enfants, rien que son neveu à peine né, qu'elle n'avait pas vu en quittant son domicile encore : elle lui a acheté plusieurs dizaines d'ensembles vestimentaires différents, ainsi que des jouets à en avoir le vertige, sans compter son argent ; Shauna fait preuve d'un grand talent pour "dialoguer" à travers la timidité des enfants, mais elle ne s'imagine absolument pas mère, comme si l'engagement lui faisait peur, subitement ☆ elle est sûrement la pire cuisinière que ce monde ait porté, ce n'est pas faute d'avoir essayé d'apprendre les rudiments de la cuisine avec sa mère dans sa jeunesse, ou à travers des livres lorsqu'elle vivait seule ou en colocation - ses proches lui offraient même, à une époque, des cours de cuisine, quand elle en revenait, elle cuisinait pendant des semaines le plat qu'elle avait appris, puis se démoralisait à nouveau ☆ les blagues qui font rire Shauna sont celles s'apparentant au niveau des blagues carambar ☆ Shauna oublie tout le temps de changer le papier toilette lorsque le rouleau est vide, on vous laisse imaginer les difficultés que cela entraîne parfois ☆ absolument pas pudique pour un sou, Shauna a souvent eu tendance à se balader en tee-shirt/culotte sans se préoccuper de la gêne que cela pouvait faire naître chez quelqu'un : elle a déjà accueilli un voisin, le facteur, ainsi qu'un plombier comme ça, sans s'en rendre compte, presque ☆ depuis qu'elle a écrit son livre sur son ordinateur, Shauna écrit très vite au clavier, c'est presque devenu une maladie, elle tapote tout le temps les touches de celui-ci ; elle adore son ordinateur portable, son téléphone ainsi que sa tablette tactile, elle les emmène partout où elle va : après tout, c'est là qu'elle garde ses premiers jets pour la suite de son livre, ce sont donc de précieux trésors ☆ coquette, Shauna passe des heures à la salle de bain, elle ne se presse pour personne, et s'arrange souvent les cheveux ou les vêtements dès qu'elle est stressée : si, avant d'être publiée et d'avoir une petite célébrité, elle se rongeait les ongles intensément, maintenant, elle essaye de ne plus trop le faire, majoritairement parce que ça bousille la manucure que son agent la force à faire ☆ Shauna adore les chats, a facilement peur des gros chiens, trouve les poissons rouges barbants, les lapins trop salissants, les serpent vraiment fascinants mais effrayants - en définitive, elle a un chat, un siamois à la silhouette fine qui s'appelle Baccara, elle aime cette bête et la traite comme un de ses enfants ☆ paranoïaque sur les bords, Shauna a beaucoup de mal à faire confiance dans une relation de couple, ce n'est pas de la jalousie, juste un manque criant de confiance : ce n'est pourtant pas le cas dans ses relations amicales, l'amour lui fait affreusement peur.

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THE BACKSTAGE.
PSEUDO/PRENOM MARY-W. on m'appelle aussi Dieu, et puis Marie, et puis Grande Autorité Qui Sait Tout, ou encore Great Intelligence, tu vois l'idée quoi.
AGE twenty one.
COMMENTAIRE - Si si, ça vient, j’occis aussi. Aller on se dépêche !" - non je n'ai pas regardé Shrek pendant mes vacances, c'est faux  

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▶ ▶ ▶  THE STORYLINE.

✻ there is a little girl
waiting in a garden.

« Mon dieu mais, Shauna, qu’est-ce que tu as fait encore ?! » La main posée sur le cœur, le visage à la fois surpris et sévère, Mrs Green dévisageait sa fille : elle venait de passer le pas de la porte, après que sa mère l’ait appelée une bonne dizaine de fois. Ses petites sandales blanches étaient grises de terre, tout comme les pans de sa petite jupe plissée – au bout de son museau, dans ses cheveux, régnaient la saleté et le désordre – Shauna aurait besoin d’un bain, urgemment, c’était indéniable. « Mrs Finnighan avait besoin d’aide pour retrouver son chat ! Alors je lui ai dit que je pouvais le retrouver, je sais souvent où Bluebell va se cacher, alors – » « Je t’ai dit qu’on devait aller chez tes grands-parents ! Tu étais censée attendre dehors avec ton livre ! Pourquoi est-ce que tu as eu besoin d’aller voir Mrs Finnighan, de toute manière, elle est à trois rues d’ici ! » L’inquiétude se ressentait dans la voix de la jeune mère, et, en voyant son frère aîné passer, Shauna sentit peser sur elle un regard plein de jugements – Aidan était le frère que tout le monde admirait, obéissant et travailleur, il ne perdait jamais une occasion de plonger le nez dans un livre, quand bien même il avait plutôt le regard brillant semblable à celui d’un caïd en herbe. « Les livres, c’est chiant ! » Protesta la petite brune, arrachant une exclamation de mécontentement de la part de son frère, qui résonna dans toute la maison ; Mrs Green fronça les sourcils. « Tu ferais mieux de parler autrement, jeune fille. Va vite te changer, on n’a pas de temps à perdre, sinon ta grand-mère va encore faire des réflexions sur notre retard. » Shauna lui passa à côté, yeux baissés, elle avait honte, comme souvent quand elle n’écoutait pas sa mère : elle savait qu’elle devait l’écouter, mais l’ennui la gagnait si souvent lorsqu’elle tentait de lire un livre, qu’elle ne pouvait s’empêcher de vouloir aller fureter ailleurs. « Parce qu’évidemment, elle, elle n’a toujours eu qu’un enfant sur les bras, et elle est persuadée de tout savoir sur l’éducation des enfants, comme si tout le monde mangeait à six heures du soir. » L’entendait-on marmonner, la petite fille n’avait monté que quelques marches d’escalier qu’elle se stoppa, passant sa tête entre les barreaux de la rampe d’escalier. « Dis maman, si tu n’aimes pas mamie, pourquoi on va la voir ? » Mrs Green pinça les lèvres, servant quelques faux prétextes à sa fille, avant de lui indiquer de monter se changer à nouveau, et de faire vite. Dehors, elle entendit le bruit du moteur de la voiture de son père, puis, quelques instants plus tard, les pleurs de son plus jeune frère, qui n’appréciait pas être si brusquement réveillé pour quitter la maison dans un effort de politesse envers leur grand-mère paternelle – c’était compliqué, parfois, la famille. Et encore une fois, Shauna fut la dernière à entrer dans la voiture, celle que tout le monde attendait depuis bien dix minutes déjà, lorsqu’elle redescendit enfin.

✻ she's going to wait a long while
so she's going to need a lot of hope.

« Je pars. » La sentence tomba, tremblante entre ses lèvres, pesant dans l’air comme un glacial effroi. Shauna pinça les lèvres, pressa ses doigts les uns contre les autres, comme si elle attendait une quelconque réponse à cette phrase qui ne laissait pourtant ouvertement aucune porte ouverte. Elle ne voulait pas risquer de revenir en arrière : Woodley Mills, la vie ici, tout était trop compliqué ces derniers temps, les doutes s’étaient trop immiscés en elle pour qu’elle n’ose vraiment tenir bon. Ce n’était pas son genre, pourtant, de fuir, de trembler de la tête aux pieds comme une petite fille : c’est ce qu’elle faisait, cependant. Ses parents, ses proches, eux, trouvaient ça brave : la petite Shauna qui s’en va, bagage sur l’épaule pour faire ses études dans une ville plus grande, dans une université, une vraie – rien que pour se garantir un avenir digne de ce nom. La première de la famille, elle espérait ne pas être la dernière – les desseins de son frère étaient tout tracés, il avait rencontré une fille au lycée, il l’aimait, ils étaient fiancés. Pour Shauna, la vie se faisait chaotique, en dents de scie plus tranchantes que des rasoirs : inévitablement, la chute était douloureuse. Patiemment, de haut en bas, son regard lorgna sur le reflet qu’elle avait devant elle, s’observant intensément dans le miroir : elle paraissait être à deux doigts de s’effondrer en larmes, c’était sans doute le cas. Puis finalement, elle se laissa tomber en arrière, son dos s’écrasant sur le matelas confortable de son lit ; rabattant ses mains sur son visage, elle gémit longuement, avant de souffler. Etait-ce la peur, ou la tristesse qui prévalait sur tout le reste ? Comment pourrait-elle annoncer à Sean qu’elle s’en allait, comme ça ? Elle n’avait pas envie d’avoir cette stupide conversation avec lui, qui lui donnerait l’allure de la pauvre gamine jalouse tout juste bonne à pleurer parce que son petit-ami l’avait trompée avec la première blonde décolorée qu’il avait croisée. Non, non : si Sean l’avait trompée, il n’avait qu’à affronter les conséquences de ça tout seul, qu’il reste seul dans ce bled, elle ne pouvait pas se permettre de… de quoi ? L’aimer ? C’était une indéniable faiblesse, tandis que lui, lui il n’avait eu aucun mal à cracher sur leur couple en batifolant dans le lit d’une sale traînée. Le visage renfrogné, Shauna pivota pour se retrouver sur le ventre ; ça faisait un mal de chien, le sentiment de trahison logé au fond de ses entrailles, cette lourdeur d’âme qu’elle ressentait à chaque fois qu’elle le voyait – pourquoi est-ce qu’il avait fallu qu’il fasse ça ? Pourquoi à elle ? Pourquoi la vie était si cruelle ? La brune ferma les yeux, une larme imbiba ses cils : non, non, elle ne devait pas pleurer, il ne le méritait pas. Ils le méritaient cependant, eux deux, leurs regards, leurs instants. Tout ce qu’elle avait cru être vrai et qui n’était qu’un tissu de mensonge. Oui, oui – elle lui annoncerait comme ça, de but en blanc, qu’elle partait, quittait cette ville sans se retourner, et qu’il ne pourrait rien dire, rien faire pour l’en empêcher. Parce qu’il l’avait déjà assez blessée comme ça, et qu’elle ne pouvait plus le regarder en face.

✻ tell her that if she's patient
the days are coming that she'll never forget.

Brusquement, elle claqua la porte derrière elle, grognant sauvagement ; les sourcils froncés, les coins des yeux rougis, Shauna balança son sac à main dans un coin de la pièce, après en avoir sorti une grande boîte venant d’un pâtissier de la ville. Alors qu’elle progressait d’un pas traînant vers le salon, elle sentit le regard de Mick pesé sur elle – non pas plein de jugement, mais d’interrogation, sans doute. Se laissant tomber dans le confort du canapé, la brune ôta ses chaussures en quelques mouvements de pieds ; ces si précieux escarpins qu’elle avait payés une fortune, rien que pour faire plaisir à son petit ami du moment, quelle belle connerie ! Ouvrant la boîte qu’elle avait en main, Shauna en sortit un gros cupcake, généreusement recouvert de crème au beurre – le genre de truc qu’elle ne mangeait plus depuis des lustres, encore une fois pour faire plaisir à son stupide, crétin de connard de petit ami ! « Ça c’était un film bien court. » Fit finalement remarquer la voix, moqueuse mais tendue, de Mick, tandis que sa colocataire avalait une grosse bouchée de son cupcake. Reniflant bruyamment, Shauna frotta à nouveau le coin de ses yeux, avant de sourire sans aucune joie au coin des lèvres. « Ca, c’est parce que Chris était trop occupé à bécoter sa camarade d’exposé, pour se souvenir qu’on était censés aller au cinéma. » Du coin de l’œil, elle ne vit aucune réaction passer sur le visage de Mick, à croire qu’il n’en était pas surpris – il ne l’était sûrement pas, Chris empestait le bâtard à quarante kilomètres à la ronde, elle avait juste été trop niaise pour s’en rendre compte jusque-là : Shauna, la pauvre cocue ; c’était définitivement l’histoire de sa vie, ça. « Une demi-heure, une demi-heure j’ai attendu, tu te rends compte ?! ‘je préfère qu’on se retrouve directement là-bas, je voudrais me changer après le boulot, rien que pour toi’. » Ajouta-t-elle en mimant une voix de détestable macho, tout en prenant le deuxième cupcake qui se trouvait dans la boîte, après s’être amèrement léché les doigts : rien que pour tous les calories qu’il lui faisait avaler, il méritait d’être maudit à vie, ce crétin ! « Alors, je suis allée à son appartement, évidemment j’ai utilisé mes clés, et tu vois le schéma ensuite. » D’une petite voix, brisée par la déception, elle avait ajouté ses mots, tout en écrasant généreusement la décoration du cupcake contre le fond de sa boîte : maintenant, elle passait par la phase où elle avait l’appétit coupé par tout le chagrin qu’elle avait encore à laisser exploser. Qu’est-ce qui pouvait clocher chez elle, pour que les mecs aient forcément envie d’aller voir ailleurs (et puis, pourquoi toujours des blondes décolorées ?!) ? « J’espère que tu lui as rayé sa voiture. » Une petite grimace désolée passa furtivement sur le visage de Shauna, tandis qu’elle déposait sa boîte à côté d’elle, ramenait ses genoux contre sa poitrine. « Bah, y’avait un pot de fleurs à proximité de l’immeuble, je crois que son pare-brise n’a pas supporté le choc. » Elle eut même un vague haussement d’épaules, mimant un désolant air gêné, avant de laisser un petit rire la prendre – bien entendu, ce ne serait pas très drôle lorsque quelqu’un viendrait frapper à sa porte pour qu’elle paye la facture (Chris était tout à fait capable d’agir ainsi), mais ça avait au moins calmé une dose de la rage qu’elle avait eu en elle – c’était ça, soit elle lui écrasait ses noix avec le premier objet qui lui passait sous la main (soit, le pot de fleurs, évidemment).

✻ tell her she'll go to see and fight pirates.
she'll fall in love with a man who'll wait
two thousand years to keep her safe.
she'll give hope to the greatest painter who ever lived.
and save a whale in outer space.

« Even. » Fronçant les sourcils dans une expression d’indécision, Shauna cliqua sur le lien du mail ; son frère lui avait envoyé des photos de son cher neveu et au vu de l’heure à laquelle elle l’avait reçu, elle le soupçonnait grandement d’avoir fait ça à peine le bébé était-il né. Qu’est-ce qu’il pouvait donc y avoir comme photo d’un bébé à peine né ? Si c’était pour voir sa belle-sœur, cuisses écartées, le visage étiré par une souffrance atroce, elle préférait franchement ne pas cliquer sur le lien. Evidemment, la première chose qu’elle vit, ce fut la petite bouille angélique d’un tout petit bébé endormi, les doigts de ses toutes petites mains serrés étroitement ; niaise et nostalgique – déjà gaga, qui plus est – Shauna ne put s’empêcher d’avoir un « ooooh » accompagné d’un sourire délicieux. Elle était seule, de toute manière dans cet appartement - seule–depuis que Mick avait quitté l’habitation pour tailler la route et retrouver ses cousins – quand bien même il pouvait être encore là, il était tant habitué aux tics et manies de la brune, qu’il n’aurait pas été étonné de la voir s’extasier devant son écran d’ordinateur pour des raisons aussi girly qu’un bébé tout fripé. Il fallut cependant plusieurs dizaines de minutes (voire presque une heure), à la jeune Green pour préférer le mail de son frère aux photos de son neveu (qu’elle repassait en boucle, encore et encore, cliquant frénétiquement sur sa souris) : il annonçait à la suite la date d’un baptême rapidement organisé, et ajoutait un nota bene sur le mariage de leur sœur, comme quoi celle-ci avait été quelque peu vexée que Even lui vole la vedette pour les semaines à venir. Enfin, rien de bien méchant, d’habituels conflits entre frères et sœurs tous bloqués dans la même ville – dans ces circonstances-là, Shauna s’estimait bien heureuse d’être celle qui avait levé les voiles. Elle pourrait s’arranger, de toute manière, elle avait fait comprendre à son éditeur qu’elle avait un urgent besoin de solitude et de tranquillité pour réfléchir à la suite de son livre ; il la laisserait donc, logiquement, partir où elle voulait, si tant est que cela lui offre l’inspiration nécessaire. Elle le méritait bien, après les quantités de festivals auxquels elle avait assisté, les longues séances de lecture/rencontre de fans qu’elle avait vaillamment affrontées, les conférences de presse, les interview, même quelques photoshoots pour des magazines féminins visant à promouvoir la confiance en soi et la femme ambitieuse et épanouie ainsi que les régimes aux graines et le yoga comme sport de l’année. Rien ne pourrait l’empêcher d’aller gagater son neveu en direct, de toute manière, pas même l’inquiétude sourde qu’elle ressentait au fond de ses entrailles à l’idée de tailler la route dans le sens inverse, vers ces images de son passé brumeux qu’elle voulait surtout oublier – car à l’image de sa désastreuse héroïne de livre, elle était une Wallflower, une de celles qui n’avaient pas forcément envie de retracer le parcours de son existence chaotique.

Citation :

« J’espère que tu lui as rayé sa voiture. » Une petite grimace désolée passa furtivement sur le visage de Shauna, tandis qu’elle déposait sa boîte à côté d’elle, ramenait ses genoux contre sa poitrine. « Bah, y’avait un pot de fleurs à proximité de l’immeuble, je crois que son pare-brise n’a pas supporté le choc. »